La nutrition : une médication naturelle accessible à tous
Fondation, en collaboration avec Élise Latour, nutritionniste au Centre ÉPIC
Accueil > Blogue > La nutrition : une médication naturelle accessible à tousMars est le mois de la nutrition, un domaine qui occupe une place de choix dans la lutte contre les maladies cardiaques. L’adoption d’une alimentation saine de type méditerranéen par ses patients est un souci constant à l’Institut de Cardiologie de Montréal, tant pour les bienfaits qu’elle apporte sur leur santé globale que pour le pouvoir préventif des récidives possibles des problèmes cardiaques.
Élise Latour, nutritionniste au Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de Montréal, a embrassé la cause de l’Institut de Cardiologie de Montréal il y a plus de 30 ans. Elle nous dresse un portrait des dessous de son métier et de son quotidien auprès des membres du Centre qui choisissent de mettre toutes les chances de leur côté pour développer et maintenir une bonne santé.
Qu’est-ce que le Centre ÉPIC?
Fondé en 1968, le Centre de médecine préventive et d’activité physique de l’Institut de Cardiologie de Montréal (Centre ÉPIC) est le plus grand centre de prévention cardiovasculaire au Canada. Véritable écosystème dans lequel navigue une équipe multidisciplinaire spécialisée (cardiologues, kinésiologues, infirmières, nutritionnistes, omnipraticiens, endocrinologues, chercheurs, etc.), ses activités visent à promouvoir l’acquisition de saines habitudes de vie. Plus qu’un gym, il offre une panoplie de services couvrant plusieurs sphères relatives à la santé globale.
Le Centre ÉPIC agit sur deux volets
1er volet : prévention primaire
Quiconque souhaite demeurer en bonne santé peut s’inscrire au Centre. À leur arrivée, les membres bénéficient d’une évaluation préventive. Un bilan complet est effectué afin de dresser un portrait juste de leur condition physique. Celui-ci peut comprendre un bilan sanguin, un test à l’effort, un portrait des habitudes alimentaires et une consultation avec un membre de l’équipe multidisciplinaire : rien n’est laissé au hasard. Pour ceux qui sont admissibles, la Clinique de prévention du diabète Sun Life est également offerte et un programme de cessation tabagique est disponible pour les membres du Centre ÉPIC et les patients de l’Institut de Cardiologie désirant être accompagnés dans leur démarche d’abandon du tabac.
2e volet : prévention secondaire et réadaptation
Toute personne qui a eu un accident cardiovasculaire est en prévention secondaire. Lors de son abonnement, elle aura droit à la même évaluation préventive que celle des membres en prévention primaire. De plus, les médecins de l’Institut de Cardiologie de Montréal adressent des patients qui ont subi récemment des interventions cardiaques ou connu des troubles cardiaques en vue de leur réadaptation au Centre. Ces patients intègrent un programme de trois mois axé sur l’alimentation et l’exercice physique au sein du Centre ÉPIC. Leur prise en charge est gratuite. Le personnel du Centre a accès en tout temps au dossier médical du patient, ce qui lui permet d’avoir une vue d’ensemble de sa condition et de son évolution.
« Pour le traitement des maladies cardiovasculaires, la nutrition est aussi importante que la médication. C’est donc une pierre angulaire sur le plan de la prévention », affirme Mme Latour.
Un centre d’avant-garde
À son ouverture, le Centre ÉPIC est un véritable précurseur. À l’époque, les chirurgies cardiaques en sont encore à leurs balbutiements, et on est bien loin de tenir pour acquise la relation de cause à effet entre l’alimentation et les maladies cardiaques. La médecine en a fait du chemin depuis, grâce à plusieurs recherches effectuées notamment au Centre, et c’est maintenant naturel de considérer la nutrition comme un facteur important dans le traitement et la prévention des maladies coronariennes.
« Quand je suis arrivée au Centre en 1990, j’ai été séduite d’abord par la clientèle, qui arrive déjà conscientisée et motivée, déterminée à ne plus (ou ne pas) se faire hospitaliser à l’Institut. Ensuite, travailler aux côtés d’un médecin comme le Dr Martin Juneau qui croit tellement au pouvoir de la nutrition, c’est juste extraordinaire! Comme nutritionniste, je ne pouvais pas demander mieux. À l’époque, c’était rare. J’ai même travaillé avec certains cardiologues qui ne croyaient pas du tout à l’impact de la nutrition. Avec le Dr Juneau, je n’ai jamais eu à me battre pour me faire entendre. Heureusement, les choses ont maintenant bien changé. »
Prendre en charge la santé globale des membres
La prévention des maladies cardiovasculaires est au cœur de la mission du Centre ÉPIC, mais pour les traiter et les prévenir, on mise d’abord sur une bonne santé globale. En s’attaquant aux problèmes cardiaques par la nutrition, on agit également sur le diabète, l’hypertension, le surplus de poids, le cancer et le déclin cognitif. Plusieurs facteurs étant en relation, une approche plus large de la santé est préconisée.
L’équilibre alimentaire : le but à atteindre
Pour être certain d’avoir toutes les vitamines, les minéraux et les éléments nutritifs nécessaires, l’objectif est d’atteindre l’équilibre dans son assiette. Pour simplifier, Élise Latour met l’accent sur 5 éléments qui lui permettent d’évaluer la qualité de l’alimentation et, du même coup, favoriser une bonne santé. Quels sont-ils?
1. L’équilibre alimentaire, ou l’alimentation de type méditerranéen
L’équilibre est le pilier autour duquel gravitent les 4 autres éléments et qui a un impact sur la santé globale.
2. La qualité des gras
On doit consommer des gras, mais lesquels? Certains sont bénéfiques (huile d’olive, avocats, noix et poissons gras), d’autres sont à limiter (gras animal, huile de palme), alors que certains sont à proscrire (gras ultra-transformés, fritures commerciales). Il faut savoir les reconnaître.
3. La qualité des sucres
Tout comme les gras, il existe plusieurs types de sucres (glucides). « Il y a des glucides qui favorisent la santé, comme les fruits et les farines entières, et il y en a d’autres qui sont moins bons, comme les sucres à absorption rapide (sucre, cassonade, boissons gazeuses, desserts, etc.). »
4. La quantité de fibres
Les fibres, se sont nos alliées. Elles ont un effet favorable sur la tension artérielle, la réduction du mauvais cholestérol, le contrôle de la glycémie (taux du sucre dans le sang), la prévention des cancers, la régularité intestinale et le contrôle de l’appétit. On les retrouve dans les fruits, les légumes, les noix, les légumineuses et les produits céréaliers à grains entiers.
5. La quantité de sel
Les gens mangent de plus en plus d’aliments transformés et de repas déjà préparés, dont la teneur en sel est souvent très élevée. Il est important de les conscientiser et de démystifier les étiquettes nutritionnelles des aliments achetés.
Le quotidien d’une nutritionniste au Centre ÉPIC
Comment la nutritionniste encadre-t-elle les membres et les patients qui la consultent? La majorité du temps, ça se passe en consultation privée. Évaluation, élaboration du plan alimentaire personnalisé, conseils, outils d’enseignement faciles à comprendre, solutions pratiques, encouragement/soutien dans les changements d’habitudes alimentaires, mais surtout, un travail d’équipe avec le patient. « Accompagner, guider, encourager. C’est ce que je fais toute la journée. »
« Dans le cadre de la clinique de réadaptation cardiaque, deux conférences de groupe ayant comme sujet l’alimentation s’ajoutent aux consultations individuelles (lorsqu’il n’y a pas de pandémie). Les gens se réunissent, ça leur permet de discuter avec d’autres personnes qui ont vécu la même chose, de bénéficier des conseils des autres, d’échanger des trucs. Et ça, c’est vraiment précieux. »
Le Centre ÉPIC offre aussi des ateliers de cuisine école. D’une durée de 2 h 30, ces ateliers offerts par les nutritionnistes du Centre sont basés sur la cuisine méditerranéenne et ont pour but de redonner le goût aux gens de cuisiner des repas simples et savoureux. Information nutritionnelle, cuisine en équipe de deux, dégustation et discussions sont au menu. « Je leur parle toujours des bienfaits des aliments sur leur santé. Oui, manger plus de fruits et légumes, mais qu’est-ce que ça donne concrètement? Quand on comprend pourquoi on recommande une chose, c’est plus facile de l’intégrer. Ça devient plus concret, plus tangible. Je tente toujours de trouver des exemples relatifs au problème pour lequel ils consultent. Ça les rejoint plus directement. »
Des résultats qui se font sentir rapidement
Le programme de la clinique de réadaptation dure trois mois, et c’est suffisant pour en constater les bienfaits sur la condition physique des patients. « On voit des différences dans le bilan sanguin. En combinant nutrition et activité physique, les gens nous disent qu’ils se sentent mieux, qu’ils ont plus d’énergie, qu’ils dorment mieux. Ils constatent rapidement le changement et en mesurent tout de suite les bénéfices. »
Les impacts de la pandémie sur l’alimentation
En ces temps où notre quotidien est bouleversé, quels impacts observe-t-on chez les membres? « C’est plus difficile. Ça se gère mieux maintenant, mais lors de la première vague, on a tous été pris de court, les membres comme le personnel. Tout le monde a perdu ses repères, il a fallu s’ajuster. » Pendant la première vague, plusieurs membres de la Clinique de prévention du diabète Sun Life ont perdu les acquis qu’ils avaient gagnés. Les gens mangeaient davantage, et pas toujours les bons aliments. Ils ne savaient plus comment s’entraîner sans la structure du Centre. « On a ajusté l’encadrement à la situation exceptionnelle qu’on vit, et maintenant on a rattrapé tout ça! »
Les points positifs de la pandémie : les gens ont plus de temps pour cuisiner et vont moins au restaurant. « Je leur dis : Profitez-en, essayez de nouveaux aliments, donnez-vous le défi de faire une nouvelle recette par semaine, et si vous trouvez quelque chose d’intéressant, dites-le-moi. On va en faire bénéficier d’autres gens! »
Le thème du mois : bon pour vous et à votre goût!
Quel conseil la nutritionniste a-t-elle envie de donner en ce mois de la nutrition? « Continuez de prendre le temps de cuisiner. Osez, soyez curieux, essayez des nouveautés en utilisant des produits locaux. Il n’y a jamais rien qui va battre ce qu’on cuisine à la maison. »
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