Après avoir travaillé sur des projets de recherche sur la communication médicale, Julie entre en poste à l’Agence de la santé et des services sociaux au sein de la Direction de la santé physique. « Mon mentor de l’époque m’a offert le dossier de l’obstétrique et de l’accouchement. Comme j’ai réussi à régler les enjeux en cours, j’ai ensuite été impliquée en cardiologie et en neurologie. De là, j’ai créé des comités régionaux, et c’est dans ce contexte que j’ai rencontré certains médecins de l’ICM et que j’ai commencé à tisser des liens avec l’Institut. Puis, en 2015, la réforme est arrivée et à la suite de l’abolition de l’Agence, le Dr Peter Guerra m’a sollicitée pour venir travailler à l’ICM et j’ai immédiatement accepté », se souvient-elle.
Si l’analyse de données statistiques fait partie de l’ADN de Julie Todd, à son arrivée à l’ICM, il n’existait pas de structure pour préserver les chiffres. « Je n’avais pas de matière à analyser pour identifier ce qui va bien ou mal. J’ai commencé à bâtir une architecture de données et, de fil en aiguille, on a pu mettre les bases d’une structure en place », se remémore-t-elle.
Lors d’une visite au Centre de documentation, alors que Julie est à la recherche de photos d’archives, on lui remet deux grands cartables contenant une multitude de coupures de journaux. Elle était loin de se douter des pièces d’anthologie qui s’y trouvaient. « Le contenu datait des années 50, c’était un peu comme trouver un trésor oublié! On a découvert une copie par année des rapports annuels avec les faits saillants, le tout, dans les mots du Dr Paul David, le fondateur de l’Institut. Tout ça racontait une histoire qui menaçait d’être oubliée. Je suis devenue complètement investie dans cette histoire. Plus j’en découvrais, plus je devenais consciente de l’importance de raconter celle-ci. Il fallait tout numériser, tout préserver. »
« En 2020, j’ai aussi réalisé qu’il y avait des données oubliées dans certains départements. On est allés jusqu’à décortiquer les informations des tout premiers dossiers jusqu’à maintenant avec une approche quasi archéologique. Avant cette grande opération d’analyse, on pouvait se douter de l’impact significatif qu’a eu l’Institut sur l’espérance de vie des Québécois alors qu’aujourd’hui, nous pouvons le démontrer clairement. Il n’y a aucun hôpital au Québec qui a fait ce travail-là! », raconte-t-elle avec enthousiasme.
Alors que le travail de l’équipe de l’Infocentre permet aujourd’hui de consulter une mine d’informations sur la santé des Québécois, qu’il s’agisse, par exemple, de l’incidence de l’obésité, du diabète ou des infarctus depuis les 50 dernières années, c’est surtout l’impact indéniable de la médecine cardiovasculaire qui enthousiasme Julie Todd. « Si un patient atteint d’une maladie cardiovasculaire dépasse aujourd’hui l’âge moyen de l’espérance de vie — au Québec —, c’est indéniablement grâce à l’ICM et c’est aussi le legs de la vision que portait le Dr Paul David. La prévention (qui est une des missions de l’ICM), la cessation tabagique, mais aussi nos traitements chirurgicaux ont eu un impact majeur. »
Si le cœur de Julie pouvait parler, voici ce qu’il nous dirait :
« Avec pugnacité et honneur, je laisse les chiffres me raconter chaque brique posée, chaque geste offert par des milliers de gens dévoués à une cause qui a profondément amélioré notre société. Nous sommes tous passagers d’un Institut qui améliore l’avenir. Je l’apprécie à chaque instant… et vous? »