À l’été 2019, quelques années après la naissance de ses deux enfants, Kim Auclair décide de se remettre en forme et de commencer un entraînement dans le but de perdre du poids. Pendant 2 ans, sa santé cardiovasculaire s’améliore, et les kilos en trop disparaissent : tout va bien.
Puis, peu à peu, ses performances se détériorent : « À chaque fois que je commençais mon entraînement cardiovasculaire, je ressentais une pression au sternum, qui apparaissait dès les premières minutes. Comme ce n’était pas douloureux, je persévérais, mais au bout d’un moment, je sentais que j’allais perdre connaissance. Un jour où j’étais allée glisser sur la neige avec les enfants, j’ai pris un petit élan de course pour remonter la pente, et je me suis arrêtée net. Pendant 5 minutes, j’ai vu des étoiles, il a fallu que j’attende que ça passe pour ne pas perdre la carte. C’est à ce moment-là que je me suis dit que quelque chose n’allait pas, qu’il fallait que je voie un médecin au plus vite. »
Selon Kim Auclair, c’est la pratique d’activité physique qui lui a non seulement permis d’améliorer son état de santé, mais aussi de déceler rapidement les signes d’un problème majeur : « Si je ne m’étais pas entraînée, je n’aurais pas connu mon coeur, j’aurais laissé aller des signes, auxquels j’aurais été moins sensible. Je n’aurais pas su qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, j’aurais simplement pensé que je me sentais mal à cause que je n’étais pas en forme, et ça aurait probablement été fatal. C’est ma sensibilité aux changements dans mes capacités d’entraînement qui m’a sauvé la vie. »
Alarmée par les récents événements, Kim Auclair se rend dans une polyclinique, où une échographie cardiaque est pratiquée. C’est à ce moment que le diagnostic tombe : « Le cardiologue m’a annoncé que j’avais un myxome : une masse gélatineuse qui grandissait à l’intérieur de mon coeur. Dans mon cas, sa taille était assez importante, comparable à celle d’une balle de golf. Si la masse venait à se détacher, je pouvais faire un AVC et mourir, alors il fallait m’opérer rapidement pour la retirer. »
La nouvelle est un choc et une surprise totale pour la jeune femme en pleine santé : « C’est irréel. Tu te dis : « OK, pourquoi moi ? » Tu vas te faire opérer au coeur et tu ne peux pas tout analyser ce que ça peut impliquer, c’est beaucoup d’un même coup. Quand on m’a parlé de chirurgie, c’est là que j’ai réalisé que c’était sérieux, c’est un mot qui fait peur. J’ai éclaté, j’ai pleuré. J’ai tout de suite pensé à mes enfants : est-ce qu’ils vont perdre leur mère ? Cette vision était toujours dans ma tête. »
Dès le diagnostic posé, Kim Auclair est dirigée vers l’Institut de Cardiologie de Montréal, où des spécialistes l’attendent déjà. « Malgré la peur, j’étais rassurée. Ma famille me répétait sans cesse : «Tu es à la meilleure place en ce moment, tu ne pourrais pas être à un endroit plus adéquat. » Ça m’a permis de me laisser aller, de m’abandonner au processus et de lâcher prise, parce que je n’avais pas le contrôle sur la suite, et que je savais que j’étais entre bonnes mains. »
On l’informe que c’est le Dr Michel Pellerin qui, exceptionnellement, sera en service un samedi matin pour procéder à la chirurgie délicate. « Je me souviens m’être sentie importante, car on m’avait d’abord prévenue qu’aucune opération n’avait lieu la fin de semaine. On prenait ma situation au sérieux, on veillait à ce que je reçoive les meilleurs soins dans les plus brefs délais, avec les meilleurs spécialistes. »
« Il y a une dame qui est venue pour me raser de la tête aux pieds, puis on m’a emmenée jusqu’à la salle d’opération. Le lendemain, je marchais déjà. Quelques jours plus tard, j’étais de retour à la maison. La récupération était tellement bonne et rapide que le personnel soignant m’a donné congé. L’infirmière
m’a dit : « Tu ne marches pas, tu cours ! » Alors oui, j’ai couru pour retourner auprès de mes enfants. »
Tout au long de son séjour à l’Institut de Cardiologie de Montréal, Kim Auclair a été accompagnée avec beaucoup d’humanité : « Jamais je n’ai eu l’impression d’être traitée comme un numéro, ou de déranger quelqu’un si j’avais besoin de quelque chose. Tout le monde était toujours présent pour moi et m’aidait de bon coeur. »
Sur sa route, la jeune femme a croisé des personnes qui l’ont aidée à tenir bon, à sentir qu’elle n’était pas seule face aux épreuves à traverser. « Il y a eu ce monsieur avec qui je partageais ma chambre avant mon opération : on se contait nos histoires et les raisons qui nous amenaient là. Il était tellement serein, pour lui, c’était comme une routine, et son calme m’a apaisé. Je crois que ce n’était pas la première fois qu’il se faisait opérer à l’Institut, il était en pleine confiance. Avant de quitter, il m’a simplement dit : « Si ma femme appelle, réponds, s’il te plaît, et dis-lui que je suis parti me faire opérer! »
Je me souviendrai aussi toujours de l’infirmière de nuit, qui a veillé sur moi après l’opération. Elle était tellement joyeuse et souriante, c’était une véritable perle. Nous avons beaucoup ri ensemble. La chimie entre tous les membres du personnel était aussi très bonne, l’ambiance était douce et rassurante. »
Lorsque Kim Auclair, quelques jours avant son opération, apprend que c’est le Dr Michel Pellerin qui prendra soin d’elle, on lui dit également qu’elle pourra profiter de sa très grande expertise. « La première fois que je l’ai vu, il m’a expliqué que, grâce à ses qualifications, il était en mesure de m’opérer en pratiquant une incision au côté du torse. Ne pas être obligée de vivre avec une grande cicatrice traversant ma poitrine sur toute sa longueur, c’était une belle nouvelle pour moi, et ça démontrait beaucoup de délicatesse et d’humanité. »
« Sa confiance a vraiment été contagieuse, il était tellement calme, tellement sûr que tout irait bien et toujours posé que ça m’a instantanément rassurée. Après l’opération, il est venu me voir, tout sourire, et m’a montré une image de la masse qu’il avait retirée de mon coeur. Il était sincèrement content. Puis, il m’a invitée à partager mon histoire en m’impliquant auprès de la Fondation. J’ai accepté, pour lui. C’était ma façon de lui dire merci d’avoir sauvé ma vie. »
Il y a un « avant » et un « après » : les épreuves inattendues que Kim Auclair a dû surmonter durant la dernière année ont changé son regard sur la vie à jamais. « C’est comme une seconde chance qu’on te donne. Ça peut sembler simple à dire, mais ça m’a permis de réaliser que la vie est fragile. Maintenant, je me dis : « Profites-en, sors de ta zone de confort, arrête de te mettre des limites, essaie tout, vas-y à fond, vis à 100 %. »
Quelques mois après son opération, quand on l’invite à nouveau à se présenter pour joindre le syndicat de la compagnie pour laquelle elle travaille, Kim n’hésite pas, elle plonge. « Tout le monde m’y voyait, mais avant, je n’étais pas certaine, je doutais. Cette fois-ci, j’ai dit oui tout de suite, pour apprendre de nouvelles choses, vivre des expériences différentes et me dépasser, toujours. »