L’échographie du cœur : ouvrir une fenêtre sur ce qui est invisible pour les yeux
Entretien avec le Dr André Denault, anesthésiologiste-intensiviste et chercheur-clinicien à l'Institut de Cardiologie de Montréal
Accueil > Blogue > L’échographie du cœur : ouvrir une fenêtre sur ce qui est invisible pour les yeuxCet article est tiré de la troisième édition du magazine de la Fondation
« Chaque semaine, il y a au moins un patient pour qui l’échographie va complètement changer le parcours chirurgical. Les images nous permettent de nous assurer de poser un geste approprié et de voir au-delà de l’examen physique ce qui se passe réellement. »
Depuis les tout premiers débuts de sa carrière, le Dr André Denault, anesthésiologiste-intensiviste à l’Institut, s’intéresse au potentiel exceptionnel de l’échographie dans la prise en charge des patients. Sommité mondiale en anesthésie cardiaque, il nous parle avec passion de cette pratique qu’il a implantée à l’Institut, et qui a révolutionné la pose de diagnostics éclairés à l’échelle internationale.
La découverte du potentiel extraordinaire de l’échographie
C’est en 1989, pendant sa résidence en médecine interne, que le Dr Denault découvre l’échographie cardiaque : « Il y avait une personne en arrêt cardiaque, la situation était critique. Le cardiologue en chef a demandé de faire venir un échographiste d’urgence. L’échographie a permis d’obtenir des informations sur l’état du patient de manière non-invasive et de poser un diagnostic clair. J’étais fasciné. À partir de là, je savais que je voulais apprendre à me servir de cet outil incroyable. »
Dans le but de se spécialiser en soins intensifs, André Denault poursuit un fellowship à Pittsburgh pendant deux ans. C’est à ce moment qu’il est initié à la pratique de l’échographie transœsophagienne : « Quand la prise d’images à la surface du corps est inadéquate ou inaccessible, au lieu de mettre la sonde sur le thorax, on peut l’insérer dans l’œsophage, juste à l’arrière du cœur. Les images qu’on obtient sont extraordinaires, très claires. En 1991, on commençait seulement à pratiquer ce type d’échographie. Je me suis dit : “Ça, c’est le futur. Ça sera utilisé partout en salle d’opération et aux soins intensifs.” C’est une opportunité précieuse de comprendre ce qui se passe chez le patient. »
Une pratique innovante à l’Institut de Cardiologie de Montréal
En 1999, le Dr André Denault est invité à se joindre aux équipes de l’Institut de Cardiologie de Montréal. Au cours de la même année, en collaboration avec le Dr Pierre Couture, il remplit le mandat d’amener la pratique de l’échographie transœsophagienne en salle d’opération. Vingt-cinq ans plus tard, l’anesthésiologiste-intensiviste se dit très fier du chemin parcouru.
« Aujourd’hui, c’est 100 % des anesthésiologistes de l’Institut qui sont formés en échographie. À ce jour, 40 000 examens transœsophagiens ont été réalisés. Maintenant, il y a des appareils dans les sept salles d’opération, l’équipement est à la fine pointe de la technologie : on ne pourrait pas imaginer d’endroit mieux équipé pour soigner les patients. »
Selon le docteur, l’implantation de l’échographie cardiaque à l’Institut a inspiré de nouvelles méthodes, reconnues à l’échelle mondiale : « Parce que l’anesthésiste obtient des images en temps réel, il y a une complicité nouvelle entre lui et le chirurgien, un dialogue continu avant, pendant et après l’opération, qui aide à prendre les bonnes décisions. Des médecins de partout dans le monde viennent se former ici en anesthésie cardiaque pour profiter de l’expertise unique que nous avons développée au cours des années avec cet outil. Nous sommes devenus un modèle. »
L’échographie ciblée : 5e pilier de l’examen physique
Le potentiel de l’utilisation de l’échographie pour examiner les patients ne se limite pas au cœur, croit le Dr Denault. L’échographie ciblée, qui permet entre autres d’observer les poumons, l’abdomen, le cerveau et les accès vasculaires est une pratique qui selon lui deviendra universelle aux soins intensifs.
« C’est une petite révolution dans l’art de l’examen physique. Un 5e pilier, l’insonation, vient s’ajouter à l’inspection, la palpation, la percussion et l’auscultation comme moyens d’évaluation générale du patient. Au moyen d’ultrasons, les appareils d’échographie modernes nous permettent de savoir avec certitude ce qui se passe dans toutes les parties du corps. »
Former le personnel soignant à l’utilisation de l’échographie
Ces avenues prometteuses ont mené au développement de nouvelles formations au sein de l’Institut et à la création du Centre d’excellence en santé cardiovasculaire en 2022 : « La Fondation nous a entre autres donné des outils extraordinaires, des simulateurs d’échographie, pour former les professionnels et les étudiants. De nombreux médecins viennent à l’Institut pour bénéficier de notre centre de simulation en échographie : en une seule journée, ils ont la chance de voir plus de pathologies simulées qu’ils n’en ont observé dans l’ensemble de leur carrière. C’est majeur quand vient le temps de poser le bon diagnostic. »
La recherche sur les ultrasons soutenue par la Fondation
Grâce aux donateurs qui soutiennent la Fondation, l’anesthésiologiste et chercheur bénéficie de tout l’appui nécessaire au développement de connaissances approfondies sur les ultrasons. «Il y a beaucoup de recherche à faire pour exploiter le plein potentiel de cette pratique, et tous les ans, je peux compter sur le soutien incroyable de la Fondation pour poursuivre des projets qui améliorent les soins offerts aux patients. »
Le regard tourné vers l’avenir, le Dr Denault entrevoit toutes les applications futures de l’échographie avec un grand enthousiasme : « Les physiothérapeutes l’utilisent déjà dans leur pratique pour des observations pulmonaires et musculosquelettiques. Les médecins de famille pourront s’en servir en clinique externe afin de poser des diagnostics clairs. Les infirmières pourront l’utiliser pour localiser les veines avant une piqûre. Dans toutes sortes de situations, on pourra observer avant d’intervenir, pour le bien-être des patients. »
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