Les perfusionnistes cliniques, travailleurs de l’ombre

Entrevue avec Hosham Ased, perfusionniste clinique à l'Institut de Cardiologie de Montréal

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Cet article est tiré de la troisième édition du magazine de la Fondation

« À l’aide de machines externes, on assure la circulation sanguine, on garde le corps vivant pendant une chirurgie durant laquelle le cœur doit être exempt de sang. On reproduit la physiologie humaine et on remplace les fonctions du cœur et des poumons pour qu’ils soient bien oxygénés. »

Lauréat de la 3e édition des prix d’excellence Dr Denis-Roy en soins cardiovasculaires, Hosham Ased fait figure d’ambassadeur de la profession de perfusionniste. Celui qui s’investit avec ardeur pour faire avancer les pratiques dans son domaine nous parle de ce métier méconnu et essentiel.

D’ingénieur à perfusionniste clinique : un parcours organique

C’est en 2006, alors qu’il poursuit un baccalauréat en sciences biomédicales dans le but de se spécialiser en ingénierie, que Hosham Ased entend parler du métier de perfusionniste : « Un collègue de l’époque suivait un stage en perfusion et m’a dit : “ Viens voir, on est en salle d’opération, ça bouge, on est en contact avec les patients, il y a beaucoup d’adrénaline, on est très utiles.” Ça a piqué ma curiosité, parce qu’en ingénierie biomédicale, il n’y a aucun contact direct avec les patients. J’ai tout de suite été intéressé par l’équilibre entre le développement des technologies et la pratique d’une médecine proche des gens que pouvait offrir ce métier. »

Tout en poursuivant sa maîtrise en ingénierie biomédicale, le jeune étudiant réalise alors la justesse de son cheminement, en apparences atypique : « J’ai découvert que les premiers perfusionnistes à avoir travaillé à l’Institut de Cardiologie de Montréal, où je suivais mon stage en ingénierie, étaient aussi ingénieurs de formation. La compréhension du corps humain, mariée à la compréhension des technologies, est un atout majeur. Parce que le but d’un ingénieur biomédical est de mettre l’innovation au service des soins aux patients, le choix de m’approcher encore plus d’eux en devenant perfusionniste clinique, à la fin de ma maîtrise, était une transition toute naturelle pour moi. »

Assurer les fonctions vitales du corps pendant une intervention chirurgicale

Depuis 2011, M. Ased évolue au sein de l’équipe de perfusionnistes de l’Institut de Cardiologie de Montréal. Au quotidien, il supervise des machines qui assistent et assurent la circulation sanguine et le fonctionnement des organes durant des chirurgies complexes.

« On dévie la circulation du sang pour qu’il n’aille pas dans le cœur, afin de pouvoir réparer ce dernier. On libère aussi le sang des poumons, pour dégager le passage et faciliter l’opération. On veut obtenir un champ d’intervention entièrement exempt de sang. Ça nous permet de prendre le temps pour opérer : avant l’utilisation de la perfusion, il fallait se dépêcher pour ne pas nuire aux fonctions vitales, c’était risqué et la marge d’erreur était grande. »

Un métier de clinicien axé sur la créativité et la collaboration

Travailleurs de l’ombre, les perfusionnistes consacrent la majeure partie de leur temps au bloc opératoire : « On entre en scène quand le patient est sous anesthésie. On doit travailler en synergie avec le chirurgien. Il y a une réelle synchronisation entre les deux spécialités : c’est comme deux instruments d’orchestre qui se répondent. À l’Institut de Cardiologie de Montréal, l’équipe de perfusionnistes se connaît depuis longtemps. Quand il y a des complications, on fait souvent appel aux autres. On n’a même pas besoin de se parler pour se comprendre, les liens qui nous unissent sont très forts. »

Faire avancer les pratiques en perfusion clinique grâce à la transmission des connaissances

Soulignant son apport exceptionnel au développement de sa profession, le prix d’excellence Dr Denis-Roy récemment décerné à Hosham Ased vient mettre en lumière la richesse de sa démarche. « J’ai une grande implication à l’interne, parce que j’ai toujours voulu avoir un impact, laisser une trace et faire avancer les choses. Mon désir de transmettre des connaissances et de favoriser l’innovation me motive constamment. »

Depuis 2013, M. Ased enseigne à l’Université de Montréal dans le programme de perfusion clinique, où son expertise unique en ingénierie est reconnue. Moniteur et coordinateur clinique à l’Institut de Cardiologie de Montréal, il supervise également la formation des jeunes perfusionnistes sur le terrain : « Ça me permet d’explorer ce côté de moi qui adore communiquer, partager. Je crois aussi que la meilleure façon de comprendre, de maîtriser une pratique et de rester à jour sur ce qui se fait, c’est d’enseigner.

« Dans mes enseignements, je valorise le contact avec différentes spécialités, parce qu’elles peuvent toutes contribuer à faire avancer la perfusion. La place de la créativité, de la capacité à résoudre des problèmes, à faire face aux imprévus et à prendre des décisions rapides est très grande dans ce métier, puisque toutes les situations sont différentes et que notre parcours de soins doit s’adapter aux besoins de chaque patient. »

Des projets de recherche innovants au service du patient

Repoussant constamment les limites de sa discipline, Hosham Ased termine présentement un doctorat sur les stratégies pouvant minimiser l’hémodilution lors de la circulation extracorporelle.

« Je cherche à réduire le circuit, soit la longueur des tuyaux à travers lesquels le sang doit passer, à l’extérieur du corps. Le but est de pouvoir faire des circulations extracorporelles où les globules rouges ne seraient pas dilués, où on n’aurait pas à donner de liquide physiologique au patient. Ça nous permettrait aussi d’éviter les transfusions sanguines postopératoires, qui peuvent avoir des impacts négatifs sur la santé. Ultimement, on pourrait utiliser uniquement le sang du patient pour assurer la circulation en dehors du corps, dans un circuit qui serait très court », explique le perfusionniste et enseignant.

Invité en juin 2022 à participer à un symposium de perfusionnistes à Saint-Malo, en France, les travaux de M. Ased ont des échos sur toute la planète. « Les Français veulent s’inspirer du modèle que nous avons créé ici et de la grande expertise que nous avons développée au cours des 15 dernières années en perfusion clinique. On est en avance sur les pratiques, parce qu’on a accès à des technologies de pointe, et qu’on affine toujours nos connaissances. Je suis fier de contribuer au rayonnement international de l’Institut de Cardiologie à travers ce domaine qui me passionne, et, surtout, de pouvoir laisser ma marque ici, en faisant une réelle différence, un patient à la fois. »

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Technologie