Urgences cardiologiques : être dans l’œil du cyclone
Entretien avec la Dre Julie Sirois, cheffe du département de médecine d'urgence de l'Institut de Cardiologie de Montréal
Accueil > Blogue > Urgences cardiologiques : être dans l’œil du cycloneCet article est tiré de la troisième édition du magazine de la Fondation
« C’est lors d’un voyage humanitaire au Sri Lanka, à la suite du passage du tsunami ayant ravagé l’Asie du Sud, que tout s’est éclairci. Le désir de prendre soin des autres, qui veillait en moi depuis longtemps, s’est renforcé. Le choix de vouloir toucher une plus grande partie de la population que ne pouvait le faire mon métier de musicienne s’est confirmé. »
La Dre Julie Sirois, qui se destinait d’abord à une carrière de hautboïste, est devenue en 2021 la cheffe d’orchestre du département de médecine d’urgence de l’Institut de Cardiologie de Montréal. Avec passion, la femme d’action nous parle de son métier et de la réalité d’une salle d’urgence de centre spécialisé.
L’Institut de Cardiologie de Montréal : un lieu de prédilection pour s’épanouir
Médecin depuis 2010, Julie Sirois a complété une spécialité en médecine familiale puis une surspécialité en médecine d’urgence avant de rejoindre les équipes de l’Institut de Cardiologie de Montréal en 2014. « À la fin de mes études, j’ai fait un stage à l’Institut, et je suis tout de suite tombée sous le charme de l’établissement. L’équipe de médecins, très unie et sympathique, se connaît depuis longtemps. La notion d’équité règne : tout le monde collabore sur un pied d’égalité, infirmiers comme docteurs, c’est magnifique à voir. »
À l’aube de sa carrière, elle se sent également stimulée par les possibilités exceptionnelles qu’offre le travail en urgence spécialisée :
« Je revenais du Grand Nord, où j’ai œuvré dans un centre de première ligne, avec des moyens très restreints. À l’Institut, le plateau technique, c’est-à-dire tous les outils dont le personnel médical dispose pour soigner les gens, est extraordinaire. Les connaissances des experts en cardiologie sont vastes et pointues, et la prise en charge des patients est d’une qualité hors norme. »
À l’issue de ce stage déterminant, le Dr Alain Vadeboncoeur, alors chef du département d’urgence, l’invite à rester. Sept ans plus tard, celui qui fut d’abord son mentor lui passe le flambeau : la roue tourne toujours dans le bon sens.
Travailler aux urgences : gagner la course contre la montre
Pourquoi avoir choisi d’aller tous les jours au front ? Pour Julie Sirois, la réponse est sans équivoque : c’est dans une salle d’urgence que la femme énergique se sent véritablement comme un poisson dans l’eau. « J’aime l’adrénaline que procurent les soins aigus, c’est là, au milieu de la tempête, que je suis à l’aise, que je me sens profondément utile. Il faut que ça bouge! »
La particularité d’un centre spécialisé : avoir les moyens de sauver des vies
En tant que médecin d’urgence de centre spécialisé en cardiologie, la docteure accueille quotidiennement les patients aux prises avec un problème cardiaque. Elle procède à des réanimations, évalue la source des douleurs thoraciques, des palpitations ou des détresses respiratoires.
« Là où on se distingue des autres urgences, c’est qu’on a tout l’équipement nécessaire pour agir sur place : scan, IRM, salle d’opération, etc. Si par exemple un patient se présente et qu’il a besoin d’une chirurgie cardiaque d’urgence, on peut procéder dans les 20 minutes suivantes, puisque nous sommes surspécialisés. »
Dans un monde où chaque minute compte, ces ressources ciblées font toute la différence : « Je me souviens d’une de mes premières gardes à l’Institut comme jeune médecin : j’étais seule, et j’ai procédé à trois réanimations en même temps, c’est très rare. Si c’était arrivé dans le Grand Nord, ces patients seraient décédés sous nos soins, mais grâce aux moyens fantastiques mis à notre disposition, ils sont restés en vie. »
La Fondation : pierre d’assise pour la formation et l’excellence en services d’urgence
Selon la cheffe du département de médecine d’urgence, la Fondation est au cœur de chaque activité de l’urgence de l’Institut de Cardiologie de Montréal. « Grâce au soutien des donateurs, l’équipe d’urgence a les moyens de poursuivre des formations de pointe pour approfondir ses connaissances, prendre les patients en charge plus vite et les diriger plus rapidement vers la bonne ressource, avec de meilleurs diagnostics. L’enseignement est au centre de nos pratiques. »
Les formations rendues possibles avec l’aide de la Fondation sont multiples : échographie cardiaque, radiologie, simulations en réalité virtuelle, partage de cas cliniques et formations en intelligence artificielle ciblée. Un développement du savoir dont toute la médecine générale du Québec bénéficie, puisque les médecins venus en stage à l’Institut iront ensuite œuvrer dans d’autres hôpitaux à travers la province.
Devenir la référence mondiale en urgence cardiologique
Des idées plein la tête, Dre Julie Sirois entrevoit l’avenir favorablement : « Nous souhaitons, grâce au soutien financier de la Fondation, mettre sur pied un fellowship en urgence cardiaque, où les médecins seraient formés de façon accrue pendant une année entière, jusqu’à l’obtention d’un diplôme. Nous développons également un projet de site web pour partager nos protocoles avec le reste du monde médical. »
Et de quoi la jeune cheffe rêve-t-elle ? « J’ai cette vision que l’Institut devienne la référence mondiale en urgence cardiologique, et que nous puissions partager notre expertise avec les autres urgences pour optimiser la prise en charge des patients dans ce créneau spécialisé. » Passionnée d’enseignement et mère de deux jeunes enfants, Julie Sirois a également su allier sa carrière de musicienne à celle de médecin d’urgence depuis plusieurs années. Celle qui quotidiennement troque le hautbois pour le stéthoscope par désir de soigner croit fermement que c’est en nous améliorant constamment ici que nous pourrons faire une différence à l’échelle mondiale.
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