Cet article est tiré de la deuxième édition du magazine de la Fondation
Pleins feux sur l’avenir de la médecine cardiovasculaire avec le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l’Institut de Cardiologie de Montréal.
« Je n’ai pas peur de rêver », affirme avec passion le cardiologue. Celui qui a maintes fois changé la donne dans le traitement des maladies cardiovasculaires, y compris récemment avec l’étude COLCOT sur l’utilisation de la colchicine, aime voir grand.
Retournons en 2004. Le Dr Tardif souhaite alors que l’Institut prenne le virage de la génétique, l’avenir de la médecine selon lui. Cette science permet de mieux comprendre les racines d’un être humain afin de prédire l’apparition potentielle des maladies, et donc de mieux les prévenir. « J’ai dit : “On va créer un centre de pharmacogénomique.” Les gens pensaient que je rigolais », raconte-t-il. C’est mal connaître ce travailleur acharné, auteur de plus de 600 articles scientifiques. Deux ans plus tard, près de 60 M$ étaient amassés. En 2008, le Centre de pharmacogénomique Beaulieu-Saucier était inauguré. Tout comme le Centre de recherche, il jouit aujourd’hui d’une réputation enviable.
Pollinisation croisée des expertises
Une grande partie de ces succès est attribuable à l’équipe de haut calibre qui a été formée. « Certains réalisateurs disent que l’ingrédient le plus important pour faire un bon film, c’est la distribution. C’est la même chose dans un centre de recherche ! Pour moi, c’est la qualité des chercheurs qui détermine la réussite », explique-t-il. Selon lui, la pollinisation croisée des expertises permet de provoquer un choc des idées, d’observer un problème sous des angles différents. C’est d’ailleurs le modèle actuel du Centre de recherche. « Je tente de susciter des collaborations entre les chercheurs cliniciens et fondamentalistes. C’est très porteur », affirme le détenteur de la Chaire de recherche du Canada en médecine translationnelle et personnalisée. Quand on se dote, en plus, d’équipements de pointe et d’infrastructures efficaces, ça permet de faire des découvertes qui changent le visage de la pratique.
Une révolution à notre portée
Plus que jamais, le Dr Tardif est convaincu que les percées en génétique façonneront la médecine du futur. « Cette révolution est à notre portée. Nous avons le talent, l’expertise et la technologie pour y arriver. Si nous réussissons à réunir toutes les conditions gagnantes, d’ici 10 ans, nous pourrions réduire de 50 % les incidents causés par les maladies cardiovasculaires, comme les infarctus et l’athérosclérose. »
Son rêve va encore plus loin : le Dr Tardif a espoir qu’on arrive un jour à prévenir le déclin cognitif et les démences, de sorte que la population pourra vivre en santé plus longtemps. Comme le cerveau et le cœur sont intimement liés, la recherche dans le domaine cardiovasculaire jouera un rôle crucial à cet effet. « À titre de directeur du Centre de recherche, j’ai eu la chance de marcher dans les traces de géants — des gens comme le Dr Paul David, le Dr Martial Bourassa et le Dr Stanley Nattel, précise-t-il avec respect. J’ai été très inspiré par ces hommes qui ont tous fait avancer la recherche et je crois que nous avons le devoir de poursuivre leur œuvre. »
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