Rentrée scolaire et retour au travail : Pourquoi le stress est-il un obstacle à une bonne santé cardiovasculaire?
Accueil > Salle de presse > Rentrée scolaire et retour au travail : Pourquoi le stress est-il un obstacle à une bonne santé cardiovasculaire?20 août 2019
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En cette période de rentrée scolaire et de retour au travail, la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal fait le point sur le stress et ses risques pour la santé.
Un cerveau programmé pour s’inquiéter
Le cerveau humain est passé par un stade « reptilien » au cours de l’évolution, et a renforcé nos réactions face au danger pour favoriser notre survie. Il a toutefois évolué et est devenu beaucoup plus complexe à la suite du développement du cortex cérébral, mais les vestiges de notre cerveau reptilien demeurent présents. Nous avons une propension à donner de trois à cinq fois plus d’importance aux événements négatifs qu’aux événements positifs[1]. Pour bien gérer notre stress et améliorer notre qualité de vie, il faut travailler activement à le « reprogrammer » pour qu’il accorde plus d’importance aux effets des expériences positives qu’à ceux des expériences négatives.
Le stress chronique, ennemi d’une bonne santé cardiovasculaire
Malgré les nombreuses observations prouvant l’existence d’un lien étroit entre le cerveau et les maladies cardiovasculaires, cette question est passée relativement sous le radar des cardiologues jusqu’à la publication de l’étude INTERHEART[2] qui visait à déterminer les principaux facteurs de risque d’infarctus du myocarde. À l’origine, on voulait y étudier les principaux facteurs de risque classiques[3], mais il a été décidé d’observer également les mesures de stress perçu ou objectivé des patients. L’étude a démontré que les stress « psychosociaux » sont associés à un risque accru d’infarctus du myocarde et que cet effet, bien que moins important que le tabagisme, est comparable à l’effet de l’hypertension et de l’obésité abdominale. La conclusion de l’étude indique que les facteurs psychosociaux sont ainsi beaucoup plus importants qu’on l’avait reconnu jusqu’alors, et qu’ils peuvent contribuer à une proportion « substantielle » des infarctus du myocarde dans toutes les sociétés[4].
Dépression et maladies cardiovasculaires
La présence de dépression chez des patients hospitalisés après un épisode d’angine instable multiplie d’ailleurs par six les risques de récidive fatale ou d’infarctus dans l’année qui suit le congé de l’hôpital[5]. Jusqu’à 30 à 40 % des patients présentent des symptômes dépressifs après un infarctus du myocarde, qui peuvent grandement augmenter le risque de récidive et de mort prématurée, s’ils ne sont pas traités adéquatement.
On constate également un taux élevé de dépression après une chirurgie cardiaque. Au Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de Montréal, le plus grand centre de prévention au Canada, nous observons depuis une trentaine d’années qu’un programme de réadaptation cardiaque comprenant un entraînement à l’effort pratiqué deux à trois fois par semaine au Centre, en compagnie d’un groupe de patients présentant des conditions semblables, favorise considérablement l’amélioration des sentiments dépressifs et la diminution du stress après un accident cardiaque ou une intervention chirurgicale. Lorsqu’on demande aux patients ce qui est le plus important pour eux après un infarctus du myocarde, plusieurs d’entre eux répondent qu’ils voudraient avant tout « diminuer leur stress ». Les patients ont également souvent la conviction que le stress qu’ils vivent est la première cause de leur condition cardiaque. Pour arriver à prévenir efficacement les récidives, tout doit donc commencer par le cerveau, parce qu’une fois que le stress et les états dépressifs sont bien « gérés » et que les priorités sont redéfinies, les patients sont prêts à modifier leurs habitudes de vie de façon importante.
Comment modifier ses habitudes de vie si notre condition psychologique est instable?
Selon l’expérience du Dr Martin Juneau de l’Institut de Cardiologie de Montréal, les patients qui évoluent le mieux sont ceux qui ont réussi à faire ces changements de façon assez radicale, soit par eux-mêmes, parce qu’un infarctus du myocarde ou une chirurgie cardiaque a été le déclencheur d’une remise en question, soit grâce à l’aide d’une équipe multidisciplinaire et d’un programme de gestion du stress. Depuis une dizaine d’années, nous utilisons une approche[6] qui utilise ce qu’on appelle la « gestion du stress par la pleine conscience »[7]. Cette méthode a fait ses preuves depuis plus de 25 ans, et de nombreux articles scientifiques ont démontré son efficacité, non seulement pour réduire le stress et améliorer la qualité de vie en général, mais aussi pour prévenir les récidives après un accident cardiaque. Par exemple, la pratique de la méditation pendant 20 minutes, deux fois par jour, diminue de moitié les rechutes après un accident cardiaque au cours des cinq années suivantes[8]. En gérant beaucoup mieux leur stress, les patients adoptent plus facilement tous les changements nécessaires pour éviter les récidives.
On devrait bien évidemment utiliser cette approche en prévention primaire, avant de tomber malade. Les personnes qui présentent de nombreux facteurs de risque ou qui ont une qualité de vie médiocre à cause d’un stress chronique peuvent bénéficier grandement de cette approche basée sur la pleine conscience. Il est important de prendre un temps d’arrêt, de bien observer nos réactions physiques et psychologiques, et de modifier nos perceptions et nos comportements[9]. Contrairement à ce que plusieurs personnes pensent, la méditation n’est pas une technique de relaxation ni une façon de masquer nos problèmes, bien au contraire. Le but est de s’arrêter un instant, de se concentrer sur le moment présent et d’observer ses pensées pour arriver à transformer sa façon de réfléchir. Plutôt qu’un moyen de relaxation, il s’agit en fait d’un moyen de transformation. Essayez-le!
Pour en apprendre davantage sur la prévention en santé cardiovasculaire, rendez-vous sur le site Web de l’Observatoire de la prévention de l’Institut de Cardiologie de Montréal.
À propos de l’Institut de Cardiologie de Montréal
Fondé en 1954 par le Dr Paul David, l’Institut de Cardiologie de Montréal vise constamment les plus hauts standards d’excellence dans le domaine cardiovasculaire par son leadership en recherche clinique et fondamentale, en soins ultraspécialisés, en formation des professionnels et en prévention. L’Institut de Cardiologie de Montréal figure parmi les trois meilleurs centres de cardiologie au monde. Il s’est doté de la première Direction de la prévention au Canada, d’un centre de génétique cardiovasculaire, et du premier programme d’enseignement par simulation dédié à la cardiologie au Canada. L’Institut est affilié à l’Université de Montréal et compte plus de 2 000 employés, dont 245 médecins membres du CMDP et plus de 85 chercheurs. On y pratique plus de 2 200 interventions chirurgicales chaque année.
À propos de la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal
Établie en 1977, la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal recueille et administre des fonds pour soutenir la réalisation des projets novateurs et prioritaires de l’Institut, et lutter contre les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité au monde. Ses événements philanthropiques et les contributions de ses donateurs ont permis à ce chef de file en santé cardiovasculaire de devenir le plus important centre de recherche en cardiologie au pays. Depuis sa création, la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal a recueilli plus de 283 millions de dollars en dons. Ses 27 514 donateurs ont permis de faire des découvertes importantes et de soutenir les spécialistes, professionnels et chercheurs de l’Institut afin d’offrir des soins à la fine pointe de la technologie à des dizaines de milliers de patients du Québec.
L’information de ce communiqué provient de l’article Le stress et ses effets sur le cœur de l’Observatoire de la prévention.
[2] Étude menée par le cardiologue canadien Salim Yusuf et réalisée auprès de plus de 24 000 personnes vivant dans 52 pays différents.
[3] Cholestérol, hypertension, obésité abdominale, tabac.
[5] Selon une étude effectuée à l’Institut de Cardiologie de Montréal par le Dr François Lespérance et ses collaborateurs.
[6] Approche mise au point par Jon Kabat-Zinn, du Center for Mindfulness de l’École de médecine de l’Université du Massachusetts.
[7] Cette approche assez intensive se présente sous forme d’ateliers hebdomadaires de 2 h 30 pendant huit semaines.
[9] D’après l’approche suggérée par Jon Kabat-Zinn, Christophe André ou Matthieu Ricard.