Cinq raisons de ne pas privilégier les aliments ultratransformés
Accueil > Salle de presse > Cinq raisons de ne pas privilégier les aliments ultratransformés19 juillet 2019
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Dans le cadre de la Journée mondiale de la malbouffe du 21 juillet, la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal fait le point sur les aliments ultratransformés et ses effets sur la santé.
Nos habitudes alimentaires se sont considérablement modifiées au cours des dernières années. Parfois pour le mieux, par exemple en profitant de la disponibilité d’aliments, ingrédients et épices provenant des quatre coins du globe pour diversifier notre alimentation et élargir nos horizons culinaires, mais aussi parfois pour le pire, notamment en raison d’une augmentation très importante de la consommation d’aliments industriels ultratransformés riches en gras, en sucre, et en sel. La révolution engendrée par ces « nouveaux » aliments est remarquable : alors que ces produits n’existaient pas il y a un siècle à peine, ils représentent actuellement environ 50 % de l’ensemble des calories consommées par la population.
Raison 1 : les aliments ultratransformés sont de piètre qualité nutritionnelle
La plupart de ces produits ultratransformés doivent être considérés comme des aliments de piètre qualité nutritionnelle. Non seulement leur contenu élevé en sucre et en gras leur confère une très forte densité énergétique qui favorise la surconsommation de calories, mais l’utilisation d’ingrédients peu coûteux pour leur fabrication fait aussi en sorte aussi qu’ils sont dépourvus de plusieurs éléments essentiels retrouvés dans les aliments non transformés[1]. Conclusion : vaut mieux privilégier les repas cuisinés à la maison[2].
Raison 2 : leur consommation entraîne un gain de poids substantiel
L’un des principaux arguments contre les aliments ultratransformés est qu’on soupçonne depuis plusieurs années que leur forte teneur en calories pourrait favoriser le développement de l’obésité. Tous les pays, sans exception, qui ont augmenté la proportion d’aliments industriels ultratransformés dans leur alimentation doivent aujourd’hui composer avec une plus grande proportion d’individus obèses. Ceci est particulièrement frappant dans les pays en transition économique, où la grande disponibilité et le faible coût des aliments ultratransformés font en sorte que l’incidence de l’obésité a augmenté en flèche, même chez les personnes pauvres.
Raison 3 : y être exposé provoque une hausse très importante de la quantité de calories consommées
Une étude tout à fait remarquable vient de confirmer ce lien étroit qui existe entre la consommation d’aliments ultratransformés et le gain de poids. Dans cette étude[3], les chercheurs ont comparé les effets d’un régime composé exclusivement d’aliments ultratransformés à celui d’un régime basé sur la consommation d’aliments peu transformés. Ils ont recruté 20 personnes jeunes en bonne santé, mais qui présentaient un léger excès de poids avec un IMC moyen de 27[4]. Les repas ont été élaborés pour être équivalents[5], mais différaient beaucoup quant aux types de sucres et de gras présents. Les sujets ont reçu l’instruction de manger à leur faim, sans se préoccuper des quantités ingérées. Pendant les deux premières semaines, chacun des participants a mangé trois repas par jour du groupe 1 (aliments ultratransformés[6]) ou du groupe 2 (aliments peu transformés[7])[8]. Des collations étaient mises à la disposition des volontaires toute la journée[9]. Pour les deux semaines suivantes, les volontaires sont passés au régime du groupe opposé. Le résultat le plus spectaculaire de l’étude est que le simple fait d’être exposé aux aliments ultratransformés provoque une hausse très importante de la quantité de calories consommées tout au long de la durée de l’étude[10].
Raison 4 : manger plus rapidement et plus de nourriture résulte en un excès calorique
Les aliments ultratransformés sont conçus pour provoquer un plaisir sensoriel (apparence, texture) et satisfaire à notre inclination naturelle pour le gras, le sucre et le sel. On aurait pu s’attendre à ce que la plus forte consommation de ces aliments par les participants de l’étude soit due au fait qu’ils avaient préféré manger ces repas plutôt que ceux concoctés à partir d’aliments peu transformés. Ce n’est pourtant pas le cas, car le degré de satisfaction des participants à l’égard des deux classes d’aliments était identique, autant au point de vue de l’appétit que du plaisir associé à leur consommation. La principale différence observée est que les personnes mangeaient presque deux fois plus rapidement lorsque leurs repas étaient composés d’aliments ultratransformés plutôt que peu transformés[11]. Ceci est probablement dû au fait que les aliments ultratransformés sont généralement plus faciles à mastiquer et à avaler, ce qui permet l’ingestion d’une plus grande quantité de nourriture dans un plus court laps de temps et donc d’un excès calorique. En ce sens, il faut noter que les chercheurs ont observé que les taux sanguins du peptide YY (une hormone qui diminue l’appétit) étaient augmentés chez les personnes qui mangeaient des aliments peu transformés, tandis que les taux de ghréline (une hormone qui stimule l’appétit) étaient diminués. Il est donc possible que la consommation d’aliments ultratransformés dérègle nos mécanismes impliqués dans la satiété, ce qui favorise une surconsommation de nourriture.
Raison 5 : une augmentation du risque des maladies cardiovasculaires et de mortalité prématurée
Ces observations suggèrent fortement que la consommation d’aliments ultratransformés joue un rôle prédominant dans la hausse vertigineuse de l’incidence de personnes en surpoids à l’échelle mondiale. Il s’agit vraiment d’une avancée majeure, qui a le potentiel de révolutionner notre compréhension des mécanismes responsables de cette épidémie d’obésité. Depuis plusieurs années, l’excès de poids est toujours considéré sous l’angle d’un apport excessif en gras ou en sucre, et on ne compte plus le nombre de régimes « miracles » qui promettent des pertes de poids importantes en coupant l’un ou l’autre. Pourtant, il n’y a pas réellement de différence cliniquement significative quant à l’efficacité des régimes faibles en gras (low-fat) ou en glucides (low-carb) à induire des pertes de poids à long terme[12]. Au lieu de se préoccuper outre mesure des quantités de gras et/ou de sucre ingérées, l’étude du Dr Hall suggère fortement que c’est la source de ces nutriments qui représente le facteur le plus important dans le contrôle du poids corporel. Pour demeurer mince, la clé est donc de manger le plus souvent possible des aliments peu transformés, et limiter au minimum la consommation d’aliments industriels ultratransformés. D’autant plus que plusieurs études récentes ont montré que les personnes qui consomment régulièrement ce type d’aliments sont à plus haut risque de maladies cardiovasculaires et de mortalité prématurée.
Pour en apprendre davantage sur la prévention en santé cardiovasculaire, rendez-vous sur le site Web de l’Observatoire de la prévention de l’Institut de Cardiologie de Montréal.
À propos de l’Institut de Cardiologie de Montréal
Fondé en 1954 par le Dr Paul David, l’Institut de Cardiologie de Montréal vise constamment les plus hauts standards d’excellence dans le domaine cardiovasculaire par son leadership en recherche clinique et fondamentale, en soins ultraspécialisés, en formation des professionnels et en prévention. L’Institut de Cardiologie de Montréal figure parmi les trois meilleurs centres de cardiologie au monde. Il s’est doté de la première Direction de la prévention au Canada, d’un centre de génétique cardiovasculaire, et du premier programme d’enseignement par simulation dédié à la cardiologie au Canada. L’Institut est affilié à l’Université de Montréal et compte plus de 2 000 employés, dont 245 médecins membres du CMDP et plus de 85 chercheurs. On y pratique plus de 2 200 interventions chirurgicales chaque année.
À propos de la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal
Établie en 1977, la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal recueille et administre des fonds pour soutenir la réalisation des projets novateurs et prioritaires de l’Institut, et lutter contre les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité au monde. Ses événements philanthropiques et les contributions de ses donateurs ont permis à ce chef de file en santé cardiovasculaire de devenir le plus important centre de recherche en cardiologie au pays. Depuis sa création, la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal a recueilli plus de 283 millions de dollars en dons. Ses 27 514 donateurs ont permis de faire des découvertes importantes et de soutenir les spécialistes, professionnels et chercheurs de l’Institut afin d’offrir des soins à la fine pointe de la technologie à des dizaines de milliers de patients du Québec.
L’information de ce communiqué provient de l’article Pour demeurer mince, évitez les aliments ultratransformés de l’Observatoire de la prévention.
[1] Fibres, oméga-3, polyphénols, vitamines, minéraux, etc.
[2] Tel que proposé dans la dernière version du guide alimentaire canadien.
[3] Étude clinique randomisée réalisée par l’équipe du Dr Kevin Hall (National Institute of Heath)
[4] Les volontaires ont accepté d’être hébergés pendant 28 jours consécutifs dans les laboratoires du centre[4], sans possibilité de sortie, et avec l’obligation de se nourrir exclusivement à partir des repas faits à partir d’aliments ultratransformés (groupe 1) ou peu transformés (groupe 2) préparés par l’équipe de recherche.
[5] En termes de calories, de densité énergétique, de gras, de sucre et de sel.
[6] Comme des céréales, muffins, pain blanc ou yogourts aromatisés pour le petit déjeuner, sandwiches de charcuteries pour le diner et croquettes de poulet pour le souper.
[7] Comme des fruits et légumes frais, œufs, poisson, volaille, grains entiers, noix.
[9] Croustilles, craquelins et barres tendres pour le groupe 1, ou noix, amandes et fruits pour le groupe 2.
[10] Globalement, cette hausse est d’environ 510 kcal par jour, résultat d’une augmentation de l’apport en glucides (280 kcal /jour) et en gras (230 kcal/ jour) (mais non en protéines).
[11] 50 kcal/min comparativement à 30 kcal/min