Le Dr David Busseuil : vers une médecine personnalisée grâce à la Biobanque
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Accueil > Blogue > Le Dr David Busseuil : vers une médecine personnalisée grâce à la BiobanqueLorsqu’il atterrit à Montréal en 2005 pour terminer son postdoctorat auprès du Dr Jean-Claude Tardif à l’Institut de Cardiologie de Montréal, le Dr David Busseuil ignore encore qu’il ne reprendra jamais la route du retour vers Dijon. Quelques années plus tard, le voici directeur de la Cohorte hospitalière André et France Desmarais de l’Institut de Cardiologie de Montréal, une impressionnante banque d’échantillons biologiques et de données destinée à la recherche clinique qu’on surnomme la Biobanque.
Destiné à un parcours en sciences
Dès son plus jeune âge, le Dr Busseuil se passionne pour les sciences, à commencer par la chimie. Jeune, il s’amuse chez lui à faire toutes sortes d’expériences et à concocter différents mélanges pour en étudier les réactions. Au cours de ses études en sciences naturelles, son intérêt se porte sur la physiologie du vivant. Sans plan de carrière précis en tête, il étudie d’abord en biologie appliquée à Dijon, puis en sciences biomédicales en Angleterre, avant de se spécialiser en physiopathologie et en pharmacologie cardiovasculaire à la maîtrise et au doctorat. « Mon éveil à la cardiologie s’est fait naturellement pendant mon parcours. Dès la maîtrise, mes études se sont orientées en ce sens. »
À son arrivée à l’Institut de Cardiologie de Montréal, le postdoctorant participe à la création d’un laboratoire de recherche expérimentale avec le Dr Tardif et le Dr Rhéaume, où il se concentre sur la sténose vasculaire aortique. Après l’obtention de son diplôme, il est invité par le Dr Tardif à se joindre à l’équipe en tant qu’associé de recherche, offre à laquelle le Dr Busseuil répond en s’installant définitivement en sol montréalais. « J’ai accepté avec joie! Il y a une culture de la recherche très forte à l’Institut; c’est très dynamique. J’ai occupé cette fonction pendant 6 ans, jusqu’à ce qu’en 2014 j’obtienne le poste de directeur de la Biobanque. »
De la recherche expérimentale à la recherche clinique
Cette entrée en fonction marque un tournant dans la vie professionnelle du Dr Busseuil, qui délaisse la recherche expérimentale au profit de la recherche clinique. « J’ai adoré la recherche expérimentale », raconte-t-il. « Cette approche permet de faire de nombreuses petites découvertes tous les jours. C’est enrichissant, mais il faut souvent une dizaine d’années avant de voir les retombées réelles chez les patients. En recherche clinique, l’approche est plus concrète. On sait rapidement si un traitement sera bénéfique ou non pour le patient. C’est ce qui m’a accroché. »
La Biobanque : un outil précieux pour l’ensemble des chercheurs
Créée en 2007 par le Dr Tardif, la Biobanque vise à établir le lien entre la génétique et les maladies cardiovasculaires. À sa création, l’objectif est de recruter 30 000 participant.e.s pour constituer une banque complète et imposante d’échantillons biologiques et de données. La grande majorité des participants sont traités à l’Institut de Cardiologie de Montréal, mais la Biobanque est ouverte à toute personne majeure qui souhaite y contribuer.
Les participants autorisent le prélèvement de 30 mL de leur sang, dont l’ADN, le plasma, les globules blancs et les globules rouges seront ensuite extraits. Ils doivent également répondre à un questionnaire d’environ 300 questions sur leurs antécédents médicaux (personnels/familiaux) et psychologiques, leur prise de médicaments, leurs habitudes de vie, leur alimentation, leur profil sociodémographique et leur pratique du sport.
Des données foisonnantes et actualisées
Toutes ces données accessibles pour la recherche sont conservées et mises à jour tous les quatre ans. « Cela représente un travail colossal, mais important, qui assure l’accès à des données toujours actualisées aux chercheurs de l’Institut et de l’étranger qui font appel à nos échantillons. »
« La Biobanque est une véritable mine d’information scientifique. Avec toutes les données recueillies, on obtient environ 900 variables possibles par participant. Cette quantité importante de données personnelles doit donc être conservée et utilisée dans le respect de la confidentialité, qui est essentielle pour ce type de projet. » En mettant à la disposition des chercheurs et chercheuses autant d’échantillons biologiques et de données, la Biobanque a une incidence concrète sur la rapidité de la recherche et les effets directs de celle-ci sur les patients.
Vers une médecine personnalisée
La finalité de la Biobanque est de favoriser la médecine personnalisée, aussi appelée « médecine de précision ». Concrètement, qu’est-ce que cela signifie? « Chaque patient ne réagit pas de la même manière aux traitements. Il est donc important de pouvoir cibler le traitement le plus adapté pour chaque patient. En ayant une connaissance de plus en plus approfondie du profil génétique du patient, on devrait être à même de mieux adapter son traitement et peut-être même de prévenir certaines maladies. L’objectif est donc de cibler le traitement adapté à chaque patient pour accroître l’efficacité. »
Le rôle du directeur de la Biobanque : une implication à 360o
En tant que directeur, le Dr Busseuil chapeaute différents volets de la Biobanque.
Gestion des équipes
Le directeur gère les trois unités de personnel de la Biobanque : l’unité des infirmières, l’unité administrative et l’unité des technologues médicaux. « Cela va du recrutement du patient, à la prise de rendez-vous, à la prise de sang, au traitement de l’échantillon sanguin, à l’administration du questionnaire et à la conservation des échantillons et des données. »
Contact avec les chercheurs et les chercheuses
C’est également le directeur qui reçoit les demandes d’accès aux échantillons et aux données de la part des chercheurs et chercheuses. « Nous recevons leurs critères de sélection et évaluons combien d’échantillons correspondants nous pouvons leur fournir. S’ils décident d’aller de l’avant, leur projet de recherche est soumis au comité de gestion de la Biobanque et au comité d’éthique de l’Institut. Une fois le projet accepté, nous effectuons la livraison des échantillons et des données, toujours de manière codée. » Bien que les chercheurs et chercheuses de l’Institut soient les utilisateurs majoritaires de la Biobanque, le Dr Busseuil reçoit également des demandes d’utilisation de l’étranger, par exemple du Canada, de la France, du Royaume-Uni et de la Suisse.
Supervision de la transmission sécuritaire des données et des échantillons
Deux centres sont indispensables au bon fonctionnement de la Biobanque : le Centre de pharmacogénomique Beaulieu-Saucier de l’Université de Montréal, qui conserve les échantillons, et le Centre de Coordination des Essais Cliniques de l’Institut de Cardiologie de Montréal (MHICC), qui gère la base de données de la Biobanque. Une codification des échantillons et des données des patients a été instaurée depuis la création de la Biobanque afin de permettre leur extraction et leur partage selon un protocole très strict. Le Dr Busseuil supervise ces opérations.
Un apport considérable aux percées en recherche cardiovasculaire
Le Dr Busseuil reconnaît que le travail de son équipe peut être routinier au quotidien. Collecte et traitement des données, rencontre des participants, suivi de dossiers… « De mon côté, je garde toujours en tête les projets de recherche que l’on rend possible. On travaille pour construire une matière première pour la recherche. Ce qui est d’autant plus motivant est qu’on ne nourrit pas seulement l’espoir. De réelles percées bénéfiques pour les patients sont effectuées régulièrement grâce à l’utilisation de cette Biobanque. »
Qui dit recherche dit publication, et les auteurs de plusieurs articles parus dans des journaux scientifiques à facteur d’impact très élevé ont puisé leurs sources dans la Biobanque. « C’est une très belle vitrine pour la Biobanque. Cela démontre que la recherche qui est faite à partir de ces échantillons et de ces données est une source très crédible de résultats. »
Fierté et reconnaissance
Le scientifique se fait un devoir de partager cette fierté avec toute son équipe. « Je diffuse les articles de recherche publiés aux employé.e.s et j’invite régulièrement des chercheurs et des chercheuses à venir présenter le fruit de leurs projets. De constater les résultats obtenus grâce à notre travail est très motivant, en plus d’être un témoignage de reconnaissance à toute l’équipe. »
La Fondation : indispensable au fonctionnement de la Biobanque
Le Dr Busseuil l’affirme sans détour : le fonctionnement de la Biobanque dépend entièrement de la contribution de la Fondation et de ses donateurs. « Au-delà des montants d’argent nécessaires à nos activités qu’elle nous attribue, la Fondation travaille aussi activement à la recherche de donateurs pour la Biobanque. Elle joue également un rôle primordial de communication et de vulgarisation de nos activités. »
Donner à la Fondation, c’est un geste qui favorise directement la recherche cardiovasculaire. « À l’Institut de Cardiologie de Montréal, nous pensons que la médecine personnalisée est l’avenir. Et pour y arriver, la Biobanque joue un rôle d’avant-plan. »
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